Rebondissement dans
l'affaire qui éclabousse Lula au Brésil
Le
site «The Intercept» a publié dimanche des informations explosives sur la
manière dont les responsables de l'enquête anticorruption Lavage express ont
tenté d’empêcher l’ex-président Lula de revenir au pouvoir
Les responsables de
l'enquête anticorruption Lavage express au Brésil ont manoeuvré pour empêcher
le retour de l'ex-président de gauche Lula au pouvoir l'an dernier, rapporte
dimanche The
Intercept. Le journal se base sur des fuites potentiellement explosives.
Le site
d'investigation – cofondé par le journaliste américain Glenn Greenwald – a
lancé ces accusations après avoir eu accès à un grand volume de messages privés
échangés notamment sur Telegram entre les procureurs et le juge Sergio Moro,
chargé de Lava Jato, et obtenus par «une source anonyme». Ce juge est
aujourd'hui le ministre de la Justice du président d'extrême droite Jair
Bolsonaro.
«Alors qu'ils ont
assuré longtemps qu'ils étaient apolitiques et motivés par la seule lutte
anticorruption, les procureurs de Lava Jato ont en fait comploté entre eux sur
les moyens d'empêcher le retour au pouvoir de Lula et de son Parti des
Travailleurs», écrit le site.
Si leur véracité
est établie, ces échanges battent en brèche la supposée nécessaire impartialité
du juge Moro. Celui-ci aurait fourni des indications et conseils aux procureurs
contre sa bête noire, l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, qu'il avait condamné
en première instance en 2017.
«Sérieux doutes»
D'autres messages
révèlent aussi que les procureurs avaient eux-mêmes «de sérieux doutes sur des
preuves suffisantes de la culpabilité de Lula» dans l'affaire de l'obtention
d'un triplex en pot-de-vin. Cette affaire l'a finalement envoyé en prison, pour
huit ans et 10 mois après une révision récente de sa peine.
Sa condamnation a
empêché Lula, le favori des intentions de vote à l'époque, de se représenter à
la présidentielle d'octobre dernier. Il n'a cessé de clamer son innocence et de
se dire victime d'une machination politique destinée à l'empêcher de se
présenter à un troisième mandat, après ceux de 2003 à 2010.
«Sortis de leur
contexte»
Dans une réaction
rapide, les responsables de Lava Jato se sont dits «sereins» face aux
accusations selon lesquelles ils auraient agi dans l'illégalité. Ils déplorent
avoir été «les victimes de l'action criminelle d'un pirate qui a mené des
activités très graves contre le parquet, la vie privée et la sécurité de ses
membres».
Le juge Moro a de
son côté «déploré la non-identification de la source (...) responsable du
piratage criminel des portables des procureurs» et le fait que le site «ne soit
pas entré en contact (avec lui) avant la publication, ce qui est contraire aux règles
de base du journalisme». Les messages illégalement obtenus ont été «sortis de
leur contexte», se défend-il.
Ce n'est qu'un
début, avertit le site
Sur le fond, il
dément toute irrégularité dans son comportement lors de l'enquête tentaculaire
qui a permis de mettre sous les verrous des centaines de responsables
politiques et économiques en cinq ans, en relation avec un gigantesque réseau
de pots-de-vin autour des marchés publics du groupe Petrobras.
«Les archives
obtenues par notre site sur le Brésil sont parmi les plus importantes de
l'Histoire du journalisme», a écrit dans un Tweet le cofondateur de The
Intercept, Glenn Greenwald. «Elles contiennent des secrets explosifs sous la
forme de chats, d'audios, de vidéos, de photos et autres documents» sur le
procureur de Lava Jato, Deltan Dallagnol, le juge Moro et «un grand nombre de
responsables qui continuent d'exercer une importante influence politique et
économique au Brésil et dans d'autres pays». «Nos reportages ne font que
commencer», a-t-il averti.
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